J'ai déjà eu l'occasion d'aborder la question des réseaux sociaux du vin -ici et ici- et de l'outil blog en particulier -ici et ici-, utilisé efficacement comme moyen de communication par certains vignerons et domaines. Personnellement, et sans les citer tous, je lis volontiers les commentaires d'Hervé Bizeul du Clos des Fées -ici-, ceux d'Annie du domaine Sauvat -ici-, ceux plus récents de l'équipe des Chercheurs de Vin -ici- et j'étais une fan de la première heure du blog de la famille Tarlant, précurseur des blogueurs vignerons, à (re)découvrir ici.
Toutes les études -comme les constats empiriques d'ailleurs- montrent que les marques ne peuvent faire l'économie des réseaux sociaux dans leurs moyens de communication : les consommateurs sont devenus des consom'acteurs et utilisent les blogs, forums et autres Facebook et Twitter pour obtenir un point de vue éclairé sur les marques et échanger des avis. Du point de vue de l'entreprise et des marques, il est devenu primordial de maîtriser les outils du web 2.0 pour créer et entretenir une relation privilégiée avec ses consommateurs, comme le démontrent et l'illustrent nos notes récentes en synthèse des conférences LEWEB'09 (tendances de fond, interventions marquantes, vin et grandes tendances technologiques : un mariage heureux ?).
Si les maisons de luxe sont très actives sur le sujet (cf. la très bonne étude Digital IQ Index) -même si leur intérêt est récent-, l'univers du vin et du champagne est plutôt à la traine. Avec des différences notables selon les moyens, les connaissances techniques, le temps et la réactivité vs force d'inertie de chacune. En l'espèce, la Maison Louis Vuitton est sans doute le meilleur exemple d'intégration, à la pointe dans sa communication institutionnelle digitale et l'exploitation de tous les réseaux sociaux.
A ce titre, je trouve particulièrement intéressant le lancement cette semaine de Making Dom Pérignon, le blog du Chef de Caves Richard Geoffroy. Humaniser la marque via son Chef de Caves, créer une relation privilégiée entre les lecteurs et le créateur, générer du rêve via les impressions de voyage, rencontres, notes de dégustation et autres commentaires personnels de l'homme : voilà un bon moyen de contourner l'obstacle du blog "de marque" -par définition commercial- en en faisant un blog personnel.
L'idée est indéniablement bonne, surtout dans un univers où les amateurs sont toujours avides de proximité, d'échange d'information et d'exclusivités. Dans un tout autre style mais avec tout autant d'efficacité, je citerais, parmi les "grands" du vin, le forum de Château Haut-Brion qui permet aux amateurs d'échanger directement avec l'équipe.
Le pari est aussi risqué : tenir un blog demande du temps et de l'énergie, et même si Richard Geoffroy est sans doute bien entouré pour alimenter son blog, le temps passé ici ne l'est pas en caves...
Parmi les conseils que je donne à mes clients lorsque je les accompagne sur ces démarches et dispositifs :
- gérer l'équilibre entre la réalité du métier de Chef de Caves telle que le consommateur l'imagine (sur le terrain) et celle de l'exercice de communication (derrière un ordinateur)
- maintenir le cap sur le long terme, en publiant des notes régulières, pertinentes et dans la ligne éditoriale définie au départ -rien de pire qu'un blog qui se lance avec dynamisme et s'épuise en quelques mois
- assurer un service quotidien, qualitatif et personnalisé dans la gestion des échanges avec les lecteurs
- apporter une véritable valeur ajoutée avec des contenus exclusifs...
Il y en aurait d'autres, mais laissons le temps à Making Dom Pérignon de s'installer. En attendant, j'ajoute le blog à mes flux RSS !
Bonjour Anne-Laure, la question que tu poses est effectivement pertinente. Dans l'univers du vin, j'ai plusieurs exemples de domaines et marques qui ont réellement développé leur notoriété grâce à l'exploitation intelligente des réseaux sociaux. A mon avis, l'enjeu est effectivement lié à l'image que les marques donnent d'elles via les réseaux sociaux et à ce "supplément d'âme" dont tu parles, mais il est surtout, au final, beaucoup plus pragmatique : faire en sorte que cette relation privilégiée "virtuelle" soit suffisamment forte pour se traduire dans la réalité par un acte d'achat...
Rédigé par : Marie | 05 février 2010 à 10:04
La grande question que je me pose au sujet des blogs de marque, sur le vin ou d'autres marchés, c'est est-ce que un blog de marque a du succès parce qu'il parle d'une marque très forte, avec un noyau de consommateurs passionnés ? a-t-on des exemples à l'inverse de marques pas vraiment magiques à qui le community management et la génération de contenus du Internet auraient apporté une nouvelle dimension et un vrai supplément d'âme dans la relation avec leurs consos ?
Rédigé par : Anne-Laure Frossard | 04 février 2010 à 16:58