Je profite de la mise en ligne toute fraîche du nouveau site internet de la Maison Veuve Clicquot pour revenir sur l'actualité "bouteilles VCP à la mer" dont vous avez certainement entendu parler depuis quelques jours. Ou comment, du point de vue de la marque, garder la tête froide pour gérer efficacement une actualité chaude.
Petit rappel de faits : le 17 juillet dernier, la dépêche tombe : "Le plus vieux champagne du monde vient d'être retrouvé dans la Baltique" -voir ici. De très anciennes bouteilles de champagne viennent d'être repêchées dans une épave au large de la Finlande par une équipe de plongeurs, elles sont parfaitement conservées et ont un goût "fabuleux" selon les personnes qui en ont dégusté.
Précision ultime : le champagne serait du Veuve Clicquot, datant probablement des années 1780. Et hop, voilà qu'on vient de retrouver le plus vieux champagne du monde -détrônant au passage Perrier-Jouët, qui possède encore dans ses caves des flacons du plus ancien millésime attesté existant encore en Champagne, datant de 1825. Et hop, voilà que la valeur estimée des flacons de la Baltique grimpe au fur et à mesure de chaque nouvel article publié.
Dans ces cas d'actualité chaude, et lorsque tous les médias se précipitent pour relayer une information "croustillante", impliquant parfois la mise en place d'une stratégie de communication "de crise", je suis toujours curieuse d'observer l'évolution de cette même information au fur et à mesure des jours qui passent. Et de remarquer de quelle manière le principal concerné -la marque- réagit.
Dans ce cas précis, je tire mon chapeau à Veuve Clicquot qui, plutôt que de bondir sur l'opportunité d'un coup médiatique, a immédiatement choisi de se mettre en retrait : un coup de fil à la Maison me confirme qu'avant de confirmer quoi que ce soit, les œnologues de la Maison attendent de recevoir et de goûter les échantillons.
Une réaction d'autant plus pertinente que, comme toujours dans ces cas là, les uns se précipitent pour valider des informations sans les vérifier, les autres mettent en cause la véracité des informations. Légitimement, un coup d'œil un tant soit peu critique sur l'information telle qu'elle a été relayée dans les médias permet quand même de mettre en doute, si ce n'est la marque concernée, en tous cas la datation des bouteilles versus la forme des flacons utilisés au 18e siècle.
Reste que cette histoire fait une jolie publicité à la maison Veuve Clicquot, renforçant un imaginaire de marque déjà riche en la matière - les archives attestent effectivement que dès la fin du 18e siècle, la production étaient exportée et expédiée par bateau, en particulier vers la Russie. C'est toujours la première information dont on se souvient, fût-elle exacte ou partiellement erronée. Et celle-ci aura eu le mérite de faire rêver sur la marque. De mon côté, ça m'a donné des envies d'évasion et de voyage vers la Baltique. Pour vérifier l'info ? Dans tous les cas, je reste curieuse de connaître le fin mot de l'histoire !