La publication de contenus vidéos sur le vin est en pleine
explosion sur le Web. Après l’engouement pour les blogs écrits, une nouvelle
famille de plateformes de communication prend actuellement son essor sur
Internet : les vlogs, ou video blogs.
Les
consommateurs, quant à eux, semblent vite avoir pris goût aux nouvelles
possibilités offertes par ce support de communication : selon le baromètre
SOWINE/SSI 2010 -lire ici-, la présence de contenu vidéo arrive en 3e place des critères les plus recherchés par les internautes
lorsqu’ils visitent des sites de producteur, tout juste derrière l’ergonomie du
site et la qualité des images.
Le monde anglo-saxon semble l’avoir bien compris depuis quelques années déjà. L’ami Gary Vaynerchuk, dont j'ai déjà parlé ici, ici et ici est bien évidemment une des figures de proue du mouvement, proposant, en plus de son billet vidéo quotidien, des dégustations en direct par l’entremise du site ustream. Même les réputés magazines Wine Spectator et Decanter sont entrés dans la danse, avec des contenus vidéos qui vont d’entrevues avec les vignerons aux dégustations commentées à des concours de vidéastes amateurs devant proposer une vidéo originale et amusante liée au monde du vin.
Du côté des francophones, le train a mis plus de temps à se mettre en marche mais le contenu qu’on y trouve n’en est pas moins intéressant. Que ce soit du côté des sites marchands -notamment Millésima qui propose des visites vidéos de plusieurs domaines ou des amateurs -impossible de passer à côté du vent de fraîcheur apporté par la Québécoise Aurélia Fillion et ses chroniques Bu sur le Web-, l’utilisation du média vidéo permet de dynamiser et de revitaliser le discours sur le vin. Dans la même veine jeune et énergique, soulignons les youwinecasts de youwineblog, ou encore le lancement récent de vinomaniac.tv, la première WebTV consacré entièrement aux vins français et à destination d’un public international, majoritairement anglophone. Ses deux créateurs, Sébastien Burel et Liz Foucher-Créteau, ont sillonné la France viticole et proposent, en plus des dégustations filmées au cours de leurs pérégrinations, de rencontrer des professionnels du secteur, qu’ils soient vignerons, chefs ou amateurs passionnés.
Cela dit, les réelles valeurs ajoutées amenées par la vidéo -possibilité de faire voyager le spectateur, de livrer un contenu qui soit monté et édité pour lui conférer un style impossible à instaurer à l’écrit, de proposer des rencontres humaines plus vivantes- doivent obligatoirement être intégrées dans le contenu mis en ligne, faute de quoi le rendu risque de tomber à plat. À cet égard, certains ont encore des progrès à faire, notamment ces publications qui, jusque là, n'utilisent la vidéo que pour redire tout haut ce qu’elles ont écrit déjà dans leurs pages.
La Loi Evin, par sa rigidité et ses contradictions, n'a fait que repousser le problème incitant fin 99, pour ne pas dire dès janvier 2000, les rares (uniques même) initiatives vidéos thématisées vin à déjà prendre date en occupant le terrain du net quand le Haut-débit n’était qu’une chimère à cette époque. L'émission "Vitis" à Bordeaux sur Tvweb33 (future locale de TV7) en partenariat avec le puissant groupe CanalWeb et le groupe de presse Sud-Ouest en 2000 ; puis début 2001, la première webtv spécialisée vin "wine citizen TV" jusqu'à l'apparition de blogs et de vidéoblogs, des plateformes audiovisuelles sous format podcast vidéo comme "Vininews" en 2004 : … des initiatives d'ailleurs 100% bordelaises.
Cette sorte de mise en ghetto culturel et technologique, à défaut de pouvoir occuper le hertzien, a toujours été des plus frustrantes. Aujourd'hui, j'espère vivement (comme tous nos concitoyens qui vouent une passion pour la culture du vin) qu'une véritable chaîne sur le vin avec une équipe française et une domiciliation française puisse porter haut et fort les valeurs culturelles et les couleurs du tissu économique viticole français et européen. Tant de choses sont à montrer, tant d'actrices et d'acteurs du vin à qui donner la parole pourraient être sous les projecteurs pour faire partager leur métier, leur passion, susciter des vocations. Enfin, tant d'aspects du vin à la fois historiques, techniques, économiques doivent être expliqués aux consommateurs… jusqu'à les déculpabiliser de s'intéresser au vin: eux si tiraillés, comme nous tous, entre aimer la viticulture et ses vins et la hantise d'être mis à l'index au risque d’être accusé de complicité, d’incivisme pour consommation d'alcool. L'affaire est éminemment compliquée, c'est sûr. Les pouvoirs publics doivent faire des choix cohérents sans prêcher le double discours, à la fois le pour et le contre. C’est ou l’un ou l’autre.
Prenons exemple sur l'Espagne, l'Italie, la Grande-Bretagne, pour ne parler que de nos proches voisins européens. Eux ont très tôt compris que le vin était avant tout un bon vecteur culturel en le faisant accepter comme aliment (c’est du moins le cas de l’Espagne en 2003), et de facto intégrable et indissociable de l’expression culturelle du pays.
Rédigé par : Frédéric LOT | 10 avril 2010 à 19:47
il y a également sommelierenligne.com qui diffuse depuis 4 ans, enfin je dis ca...
Rédigé par : stephane | 28 mars 2010 à 14:18