La Grande-Bretagne devient une féroce compétitrice dans la course à la bêtise lorsqu'il s'agit de prendre des mesures absurdes pour empêcher tout contact avec le vin chez les jeunes.
La brève parue sur le site de Decanter et reprise ailleurs sur la blogosphère a de quoi étonner : la chaîne de supermarchés britannique Morrison's aurait refusé de vendre du vin à une personne majeure, sous prétexte qu’elle était accompagnée par des adolescents mineurs. Elle aurait également interdit à un jeune de 14 ans de transporter jusqu’à la voiture de ses parents un sac de courses, prétextant que le sac contenait de l’alcool !
Certes, la tendance des jeunes Britanniques à se livrer au binge drinking a de quoi inquiéter les pouvoirs publics, qui tentent de restreindre l’accès aux boissons alcoolisées pour les mineurs. Mais une réaction aussi drastique de la part de certains distributeurs peut difficilement être considérée comme la voie à suivre pour inculquer aux jeunes une attitude de responsabilité face à l’alcool. Et l'on reparle interdiction versus éducation dans le domaine de la dégustation d'alcool... lire la note à ce sujet ici.
Le phénomène est paradoxal en Grande-Bretagne : alors qu'une partie de la jeunesse britannique pratique l'alcoolisation à outrance, les grandes écoles du pays ont parmi les clubs d’œnologie qui forment des dégustateurs hors pair, un moyen d'instaurer les bases d’une consommation raisonnable chez d'autres jeunes. De plus, le pays ne regorge-t-il pas de grands spécialistes et d’éminents journalistes qui font tout ce qui est en leur pouvoir pour faciliter l’accès au vin et éduquer les consommateurs ?
Certes, on parle ici de deux types de "jeunes" différents. Mais on peut malgré tout se demander comment faire en sorte que deux types de consommation et surtout deux types d'attitudes vis-à-vis de la consommation d'alcool trouvent un terrain d'entente. Les efforts des uns ne risquent-ils pas d'être anéantis par l'attitude parfois intégriste et zélée des autres ? J’ose espérer que non…
On dit souvent que le mieux est l’ennemi du bien… Dans le cas de Morrisson's, on dirait que l’acharnement à vouloir être plus royaliste que la Reine débouche sur l’expression d’un fanatisme absurde dans l’application de la loi. Difficile de poursuivre avec succès le travail de sensibilisation et d’éducation mené les acteurs de la filière vin si les distributeurs jouent un jeu inverse…
Philippe-Alexandre
Photos SD, droits réservés
Commentaires