Le célèbre magazine américain Wine Spectator entame cette semaine le compte à rebours de son fameux Top 100, visant à élire les bouteilles qui ont le plus retenu l’attention des dégustateurs en 2009 et de sacrer son Wine of the Year.
Ce classement, toujours très attendu aux États-Unis, fait la gloire des vignerons dont le vin est choisi, propulsant même certains vins au statut immédiat d’icône, comme ce fut le cas pour le Clos Apalta de la maison chilienne Casa Lapostolle l’an dernier.
J’ai eu accès au classement hier et si je ne me permettrai pas de vous faire l’affront de vous révéler en avant-première l’identité du Wine of the Year (les surprises ont tellement meilleur goût !), je peux vous dire que le magazine a réalisé un bel effort en adaptant son choix à la conjoncture économique particulièrement difficile aux USA en cette année 2009.
Il serait facile de choisir des vins rares et chers pour ce genre de classement, mais cela contribuerait à alimenter une image de produit de luxe pour le vin, plutôt mal vue en ces temps durs de crise économique. Cette année, quatre des dix premiers vins (dont les 2 premiers !) se vendent sous la barre des 30$, ce qui témoigne d’un réel désir de montrer aux consommateurs qu’ils peuvent encore se faire plaisir sans pour autant avoir à hypothéquer leur maison.
Le fait de mettre à l’honneur des vins de grande qualité vendus à prix raisonnable donne l’occasion aux consommateurs de voir le vin sous un jour différent. Aux États-Unis particulièrement, avec la crise, les marques qui ont continué à faire leur publicité en maintenant un discours de luxe absolu autour de leurs grandes bouteilles ont vite été délaissées par les consommateurs lorsque ceux-ci ont eu à resserrer leurs dépenses. Au contraire, celles qui ont su adapter leur discours et se positionner comme une façon abordable de se faire vraiment plaisir de temps à autre sans faire exploser le budget ont su garder la confiance des acheteurs. Ces derniers n’ont plus vu l’achat d’une bonne bouteille comme une dépense outrancière et difficilement justifiable, mais bien comme une façon de s’autoriser un petit plaisir en temps de crise.
À ce sujet, je vous recommande le billet de la blogueuse américaine Leah Hennessy ici, qui présente bien cette nouvelle façon de communiquer sur un produit qui n’a pourtant pas changé de nature ou de prix.
Se faire plaisir avec le meilleur vin du monde pour 27$ ? Difficile de faire mieux, non ?
Philippe-Alexandre
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